Minitel 2.0 — Une contre-histoire des Internets

Une analyse limpide (et critique) du modèle économique de l’Apple Store et de YouTube par Benjamin Bayart, expert en télécommunication et président du French Data Network.

Source : Une contre-histoire des Internets (Arte & Premières lignes télévision)

Commentaire

L’enjeu clef est celui de la centralisation d’internet, pour permettre un contrôle (au moins partiel) de ce qui s’y passe. Pour Benjamin Bayart, cette centralisation d’internet est purement négative, car elle s’oppose au mode de fonctionnement propre et authentique d’internet, qui est démocratique et repose sur la participation de tous.

Sa critique est très intéressante, mais, de mon point de vue, elle ne tient pas assez compte du fait que qu’une pure démocratie est illusoire si l’on cherche également la qualité. Il y a toujours, dans tous ce qui fonctionne réellement bien et qui donne de bons résultats, un aspect hiérarchique. Par « aspect hiérarchique » je veux simplement dire que ce qui est mieux reçoit une priorité et une plus grande visibilité que ce qui est moins bien. Il faut bien admettre qu’internet est une jungle où l’on trouve des médiocrités par milliers.

Apple utilise la centralisation pour exercer un contrôle, mais ce contrôle permet également de garantir une certaine qualité (je ne dis pas qu’Apple règle réellement la question de la qualité de, par exemple, ce que l’on peut trouver sur iTunes — ce sont essentiellement des logiques commerciales qui président au choix de ce qui est mis à disposition sur iTunes). Je ne veux pas me lancer dans une analyse plus profonde dans le cadre de ce bref commentaire, mais la question qu’il est nécessaire de soulever est celle de la façon dans l’élément qualitatif, qui permet de garantir la qualité, se réalise dans le modèle présenté par Benjamin Bayart. Souvent la critique du modèle d’Apple ne propose par réellement de solution à cette question.

N’en reste pas moins — et je suis d’accord avec M. Bayart sur ce point — que le potentiel d’internet, dans son fondement même, est lié au partage et que le modèle économique d’Apple, qui cherche à canaliser les productions artistiques dans les mailles serrées de canaux commerciaux affaiblit l’un des mécanismes permettant à internet de déployer tout son potentiel.


 

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